Mélissa

  Souvent Mélissa se promène dans la rue et souvent elle sent le regard des autres sur elle et entend leurs chuchotements : _ «t’as vu comme elle est maigre ?». Elle garde le regard dans le vide mais ne peut s’empêcher de vouloir leur crier qu’elle n’est pas si différente. Mais elle sait qu’il ne l’écouteront pas, peut-être même ne vont-ils même pas l’entendre car les sons sortent difficilement de sa gorge gracile.

  Elle aime se sentir légère, prête à s’envoler, le moindre grain de riz empêcherait cette sensation. Alors Mélissa ne mange plus sauf quand sa mère pleure et qu’elle la menace de l’envoyer à l’hôpital. L’hôpital justement l’un des endroits qu’elle déteste le plus. Tout ce blanc sur les murs lui brouille sa vue déjà fatiguée. L’odeur de transpiration d’une infirmière qui dénote de celle maussade des médicaments lui est particulièrement insupportable. Tous ces jeunes différents qui parait-il lui ressemblent la trouble. Elle sait qu’elle n’est pas comme eux, pas aussi maigre, pas du même monde. Ils ne savent pas regarder à travers la fenêtre de la chambre blanche, ils ne s’imaginent pas voler par-dessus les immeubles. Ils ne savent que parler de nourriture, de leurs amis, de l’été qui arrive. Mélissa, elle, préfère le silence et la caresse du vent sur son visage.

  Demain le médecin lui mettra une perfusion, peut-être ne verra-t-elle plus jamais dehors mais elle a demandé à sa mère de laisser la fenêtre ouverte pour que peut-être la dernière fois elle puisse s’envoler.

Comments

[ti viking]

moi aussi j'aime bien ce que tu écrit
bizou

[Lullabynight]

J'aime beaucoup ce texte, tu écrit vraiment bien ma mie.
Continu à te dévoiler comme ça, ça fais bondir mon jeune coeur de dandy en ruth dans ma grosse poitrine !
Poutou ?
Toupoutrouuuuuuu !